samedi 9 février 2013

Des élèves du lycée des Flandres à la rencontre du théâtre et de la sculptrice Camille Claudel

Un moment sculpté dans la magie

Quand la compagnie des anges au plafond rencontre Camille Claudel pour donner voix au destin tragique de cette sculptrice de la fin du XIXème siècle encore méconnue, la magie opère ! Témoins les élèves de seconde Watt, première ES3 et de première S2 du lycée des Flandres, littéralement envoûtés par le spectacle qui leur fut proposé à L'Espace Flandres Vendredi 8 Février 2013 : Les mains de Camille ou le temps de l'oubli.


Les élèves furent particulièrement impressionnés par la somme de travail nécessaire à la réalisation d'une performance trop courte ! Une heure vingt de plaisir pour deux années de préparation minutieuse. Ils ont également pu constater l'étendue des possibilités expressives du genre théâtral, car le spectacle proposé était bien loin de toutes leurs idées reçues sur ce dernier. Chants, musique, danse, jeux de rideaux et d'éclairages mais aussi… eh oui ! personnages de papier à taille humaine, au visage étrangement poétique,  le tout porté par quatre actrices pleines d'énergie, d'enthousiasme et de talent : rien de moins pour faire revivre l'immense Camille Claudel.


Cependant, le spectacle est allé bien au-delà de la proposition d'une simple biographie de la sculptrice ; en effet, l'ensemble pose la déchirante question de la liberté de l'artiste face à la morale établie, question d'autant plus problématique que l'artiste en question est une femme. Une femme libre qui, bien loin de l'art académique de l'époque, a osé sculpter la nudité masculine, la vieillesse féminine ou encore la chair mutilée : parce qu'elle était scandaleuse, parce qu'elle n'était pas mariée, parce qu'elle était un véritable génie potentiellement rival de son amant, le célèbre sculpteur Auguste Rodin, Camille Claudel fut mise au ban de la société, censurée, bâillonnée, internée dans un asile de fous du Vaucluse où elle finit sa vie dans le silence et la solitude.


Il faut souligner l'immense défi que constitue un tel sujet, défi relevé par nos quatre actrices qui ont choisi d'incarner Camille Claudel en démultipliant les voix par le biais de personnages de papier  - Camille et Paul Claudel, leur mère, Auguste Rodin, et tant d'autres -mais aussi en jouant sur tous les registres : satire de la bourgeoisie, lyrisme d'une artiste passionnée par son art, pathétique d'une femme qui crie sa solitude d'internée. Véritable symphonie pour une partition composée, à la base, de seulement quatre voix.


Et il est vrai que l'écoute des élèves était au rendez-vous… Etait-ce parce qu'ils  étaient placés au cœur de la représentation, dans un espace restreint, en totale intimité avec les artistes et Camille Claudel ? Lors de l'échange qui a suivi le spectacle, les actrices ont manifesté leur satisfaction devant la « très belle écoute » de leur public.


Gageons que cette expérience très forte aura marqué l'esprit des jeunes lycéens et que c'est désormais sans à priori négatif qu'ils évoqueront le genre théâtral.


NB : L'artiste Camille Claudel fut sortie de l'oubli grâce au très beau film de Bruno Nuytten sorti en 1987. Bruno Dumont, le cinéaste bailleulois,  a fait de Camille Claudel le sujet de son dernier film qui sortira en Avril 2013.